Enseignement sur la liturgie
Écrit par le Père François-Marie
En préambule un grand merci à vous tous qui vous investissez dans l’animation liturgique de notre paroisse et principalement celle de nos eucharisties.
Durant ce temps que nous allons passer ensemble je souhaite reprendre un peu avec vous le déroulé de l’Eucharistie et rappeler deux quelques points d’attention.
La liturgie vient du grec liturgos qui veut dire « œuvre publique ». Cela a son importance. Ça veut dire que la liturgie ne nous appartient pas en propre mais qu’elle est l’affaire de tous. Le concile Vatican II le rappelle dans sa constitution apostolique sur la liturgie au numéro 22 de sacrosanctum Concilium :
Le droit de régler l’organisation de la liturgie dépend uniquement de l’autorité de l’Église ; il appartient au Siège apostolique et, selon les règles du droit, à l’évêque.
En vertu du pouvoir donné par le droit, l’organisation de la liturgie, appartient aussi, dans les limites fixées, aux diverses assemblées d’évêques légitimement constituées, compétentes sur un territoire donné.
C’est pourquoi absolument personne d’autre, même prêtre, ne peut, de son propre chef, ajouter, enlever ou changer quoi que ce soit dans la liturgie.
Il est donc des règles que nous devons suivre dans nos célébrations liturgiques dont l’eucharistie fait partie.
Benoît XVI expliquait cela en utilisant l’analogie du jeu de société. Dans le monde entier les règles sont les mêmes, ce qui change c’est le plateau. Il en va de même pour la liturgie, les règles sont les mêmes dans le monde entier. Ce qui change c’est le plateau et c’est là que nous pouvons déployer toute notre ingéniosité pour autant qu’elle serve au but des équipes liturgiques qui est d’aider nos co-paroissiens à prier.
Je me permets donc ici d’abord un petit rappel de ces règles car cela fait aussi partie de ma fonction de curé. En effet comme le dit le Concile Vatican II au numéro 19 de la même constitution apostolique:
Les pasteurs d’âmes poursuivront avec zèle et patience la formation liturgique et aussi la participation active des fidèles, intérieure et extérieure, proportionnée à leur âge, leur condition, leur genre de vie et leur degré de culture religieuse ; ils acquitteront ainsi une des principales fonctions du fidèle dispensateur des mystères de Dieu ; et en cette matière, ils ne conduiront pas leur troupeau par la parole seulement, mais aussi par l’exemple.
Une église garante
Parce qu’elle est garante de notre unité en tant qu’Église universelle (signification du mot catholique) la liturgie est un lieu particulièrement délicat de notre vie chrétienne. Nous voudrions parfois la changer pour attirer plus de monde, rajouter ceci, enlever cela mais nous oublions surtout de la déployer dans toute sa grandeur qui n’est rien moins d’autre que permettre la rencontre du Christ comme le rappelle le pape François au numéro 19 de sa lettre apostolique desiderio desideravi sur la formation liturgique du peuple de Dieu :
La liturgie nous garantit la possibilité d’une telle rencontre. Un vague souvenir de la Dernière Cène ne nous servirait à rien. Nous avons besoin d’être présents à ce repas, de pouvoir entendre sa voix, de manger son Corps et de boire son Sang. Nous avons besoin de Lui. Dans l’Eucharistie et dans tous les Sacrements, nous avons la garantie de pouvoir rencontrer le Seigneur Jésus et d’être atteints par la puissance de son Mystère Pascal. La puissance salvatrice du sacrifice de Jésus, de chacune de ses paroles, de chacun de ses gestes, de chacun de ses regards, de chacun de ses sentiments, nous parvient à travers la célébration des sacrements. Je suis Nicodème et la Samaritaine au puits, l’homme possédé par des démons à Capharnaüm et le paralytique dans la maison de Pierre, la femme pécheresse pardonnée et la femme affligée d’hémorragies, la fille de Jaïre et l’aveugle de Jéricho, Zachée et Lazare, le bon larron et Pierre pardonnés. Le Seigneur Jésus, immolé, a vaincu la mort ; mis à mort, il est toujours vivant ; [2] il continue à nous pardonner, à nous guérir, à nous sauver avec la puissance des Sacrements. C’est la manière concrète, par le biais de l’incarnation, dont il nous aime. C’est
la manière dont étanche la soif qu’il a de nous, comme il l’avait déclaré sur la croix (Jn 19,28) Les chants et la musique liturgique.
La beauté de la liturgie
Avec force le pape François nous rappelle que la liturgie est belle et qu’il nous faut redécouvrir sa beauté sans en faire un lieu de combat pour imposer sa vision ou son style, mais au contraire que ceux qui s’y engagent le fasse, comme vous, dans un esprit de service et d’unité. Ainsi écrit-il au numéro 16 du même texte :
Par cette lettre, je voudrais simplement inviter toute l’Église à redécouvrir, à sauvegarder et à vivre la vérité et la force de la célébration chrétienne. Je voudrais que la beauté de la célébration chrétienne et ses conséquences nécessaires dans la vie de l’Église ne soient pas défigurées par une compréhension superficielle et réductrice de sa valeur ou, pire encore, par son instrumentalisation au service d’une vision idéologique, quelle qu’elle soit. La prière sacerdotale de Jésus à la dernière Cène pour que tous soient un (Jn 17,21), juge toutes nos divisions autour du Pain rompu, sacrement de piété, signe d’unité, lien de charité.
Pour que cette unité soit effective, il y a des règles qui nous sont données par le Saint Siège. Ces règles nous les trouvons dans la constitution apostolique du concile Vatican II sur la liturgie citée plus haut, dans la lettre du pape que je viens de citer mais aussi dans ce que l’on appelle la PGMR acronyme de le Présentation Générale du Missel Romain. Il est et reste l’ouvrage de référence concernant les règles liturgiques, notamment pour l’Eucharistie.
Pour vous aider dans le beau service qui est le vôtre, et puisque cela m’a été demandé par plusieurs d’entre vous, je vous propose maintenant de prendre la célébration dans son ensemble et de souligner certains points.
Le silence
Commençons par un sujet qui parfois est mal compris et n’a pas toujours lieu dans nos célébrations. Il existe différentes sortes de silence, intérieur et extérieur. Le premier est une disposition du cœur qui peut être favorisé par le second.
Loin de moi l’envie de l’imposer aux enfants qui ont besoin de bouger et qui sont signes que notre Église va bien. Quiconque se plaindrait du bruit que les enfants peuvent faire lorsqu’ils sont présents dans nos célébrations que ce soit en coloriant, en chuchotant ou en se déplaçant, gardera à l’esprit que parmi eux il y a peut-être le futur prêtre qui célèbrera nos funérailles, baptisera vos futurs petits enfants ou la religieuse qui priera pour le salut de notre âme, bref des graines de sainteté que nous avons à accueillir et à accompagner de notre prière.
Ce petit aparté effectué, je reviens au silence. Il serait bon avant le début de nos célébrations de prendre un temps de silence (sans musique) pour nous mettre dans les bonnes dispositions intérieures afin d’accueillir le Christ qui va se donner à nous. C’est le plus important.
Cela n’empêche en rien d’accueillir les paroissiens qui arrivent comme cela peut se faire de temps à autre. Une minute de silence n’a jamais fait de mal à personne et si nous arrivons à le faire dans les stades de foot, nous pouvons aussi le faire dans nos églises. Aux JMJ ce sont des millions de jeunes qui sont en silence à différents moments de la célébration :
- Au commencement
- Après l’homélie
- Après la communion
Ces temps de silence n’empêchent en rien notre joie, au contraire je suis persuadé qu’ils la nourrissent.
Je sais que les gens aiment bien se retrouver à la messe, mais le début n’est peut-être pas le moment pour partager les différentes nouvelles de notre semaine. Se confier une intention de prière je veux bien, mais parler d’autre chose peut-être que nous pouvons réserver cela après l’Eucharistie et développer ainsi un apéritif paroissial post-eucharistie.
Cela serait beau si dans chacun de nos clochers une petite équipe se mettait en place pour s’occuper de ce moment de convivialité comme cela se fait déjà à certains endroits. Donnons-nous le temps de nous retrouver sans pour autant empiéter sur le temps que nous donnons au Christ…
Chants et musique
C’est ce que Benoît XVI dans sa comparaison nomme le plateau.
Le doyenné est vraiment gâté au niveau des chants et de la musique qui accompagnent nos célébrations. Elle permet de rendre celles-ci à la fois joyeuse et priante. C’est une vraie grâce de pouvoir vivre ces célébrations en tant que pasteur.
Quelques repères sur la durée des chants :
Ils durent généralement tant que l’acte liturgique accompli par le prêtre au nom de tous et pour tous n’est pas fini. C’est-à-dire par exemple lorsqu’il y a l’encens. Le chant d’entrée dure jusqu’à ce que le prêtre a fini d’encenser et est arrivé au siège de présidence. S’il n’y a pas assez de couplets, on continuera de jouer de la musique jusqu’au bout de l’acte liturgique. Il en va de même lors de la présentation des offrandes.
Gloire à Dieu
Ceci dit si tous les chants n’ont pas leurs paroles gravées dans le marbre, certains font partie de la liturgie depuis des siècles et sont inscrits dans le Missel Romain. C’est notamment le cas du Gloire à Dieu.
La PGMR nous dit sur cette hymne :
Le Gloria est une hymne très ancienne et vénérable par laquelle l ́Église, rassemblée dans l ́Esprit Saint, glorifie Dieu le Père ainsi que l ́Agneau qu’elle supplie. On ne peut jamais remplacer le texte de cette hymne par un autre. Le Gloria est entonné par le prêtre ou, si cela est opportun, par un chantre ou par la chorale ; il est chanté soit par tous ensemble, soit par le peuple alternant avec la chorale, soit par la chorale elle-même. Si on ne le chante pas, il doit être récité par tous, ensemble ou par deux chœurs qui alternent. (PGMR 53)
Il existe une multitudes d’ordinaire de messes reprenant cette belle hymne avec des chœurs alternés ou même en l’entrecoupant d’un refrain. Puisons dans la richesse qui nous est donnée par la tradition séculaire de notre Église. Soyons aussi attentifs à la nouvelle traduction…
Le répertoire des chants de messe est vaste car il s’enrichit depuis des siècles. Chacun a sa sensibilité mais il faut aussi vivre avec la sensibilité des autres. Cela sera un des défis que nous aurons pour l’unique Triduum Pascal de 2023, d’œuvrer ensemble dans un enrichissement mutuel allant du classique au plus récent groupe de la pop louange.
Je me permets ici une remarque avec tout le respect que j’ai pour eux Glorious n’est pas le référent et le garant de la liturgie. Soyons aussi attentifs à cela. Je les aime beaucoup, ce sont des amis avec qui j’étais en colonie de vacances étant petit, j’écoute souvent leur musique en chantant à tue-tête mais ils ne sont pas garant de la liturgie et les paroles de leur chants si belles et profondes soient-elles ne peuvent en aucun cas remplacer celle de l’Église. Il y a de très beaux chants dans leur répertoire qui peuvent être pris à différents moments de l’Eucharistie, chant d’entrée, d’offertoire, de communion, de sortie mais pas pour le Gloria, ni pour le Credo.
La prière universelle
Sur ce sujet je me permets des remarques suite à plusieurs remontées de la part de paroissiens. Les prières universelles ne sont pas un lieu d’expression d’opinion ou une seconde homélie. Elles sont comme leur nom l’indique des prières. Leur forme peut varier mais elles sont généralement brèves. Comme le rappelle le numéro 70 de la PGMR
Les intentions seront habituellement :
A. pour les besoins de l ́Église,
B. pour les dirigeants des affaires publiques et le salut du monde entier,
C. pour ceux qui sont accablés par toutes sortes de difficultés,
D. pour la communauté locale.
Toutefois, dans une célébration particulière, comme une confirmation, un mariage ou des obsèques, l’ordre des intentions pourra être revu.
Elles sont à lire depuis l’ambon car elles ont leur source dans la Parole de Dieu.
La présentation des dons
Il est bon tant que faire se peut, de faire des processions d’offrande, c’est un déplacement qui se prépare.
Les personnes qui sont désignées (avant le début de la messe) pour apporter les dons, sont invitées à se rendre au fond de l’église au moment de la prière universelle. Ainsi elles pourront dès que celle-ci est terminée, commencer à avancer.
Si les enfants apportent des lumignons il faut les allumer à l’avance.
La quête
Il n’est nul besoin d’attendre que la quête soit finie pour apporter le pain et vin. Commencer la quête depuis le fond peut aussi se faire. Pour que cela se fasse de la manière la plus simple n’hésitons pas à multiplier les quêtants en désignant à chacun l’espace où il effectue son service. On peut même matérialiser cela par un petit plan de l’église mis au fond du panier avec le lieu en couleur où la personne effectue la quête…
Credo et Notre Père chantés ou pas ? …
Parmi les textes qui peuvent être chantés mais dont les paroles ne doivent en aucun cas être changées ou agrémentée de refrain, il y a la prière du Credo et celle du Notre Père.
Comme le stipule la PGMR au numéro 67-68
Le Symbole, ou profession de foi, vise à ce que tout le peuple rassemblé réponde à la parole de Dieu annoncée dans les lectures de la sainte Écriture et expliquée dans l’homélie, et, en professant la règle de la foi dans une formule approuvée pour l’usage liturgique, se rappelle et professe les grands mystères de la foi avant que ne commence leur célébration dans l’Eucharistie.
Le Symbole doit être chanté ou dit par le prêtre avec le peuple, le dimanche et les jours de solennité ; on peut aussi le dire lors de célébrations particulières plus solennelles.
S’il est chanté, il est entonné par le prêtre ou, si cela est opportun, par un chantre ou par la chorale ; mais il est chanté soit par tous ensemble, soit par le peuple alternant avec la chorale. Si on ne le chante pas, il doit être récité par tous, ensemble ou par deux chœurs qui se répondent l’un l’autre.
Ce qui est important est que tous puissent exprimer la foi que ce soit en la chantant ou en la récitant. Attention à ne pas mettre des gens de côté par nos choix musicaux quels qu’ils soient.
Je rappelle que le Notre Père tel que Jésus nous l’enseigne s’arrête à délivre-nous du mal la suite car c’est à toi qu’appartienne… est une réponse du peuple de Dieu à la prière du prêtre.
Là encore soyons attentifs à la nouvelle traduction. Plusieurs paroles ont changé dans cette nouvelle traduction et notre mission aussi en tant qu’animateur de la liturgie est d’aider les paroissiens à apprendre et à connaître ces nouvelles formules.
La communion
Les ministres de la communion
Le ministre ordinaire de la communion est le prêtre. Il a la responsabilité de tout ce qui se vit au niveau de la communion.
Il peut y avoir des ministres extraordinaires qui sont désignés par le prêtre célébrant. Le cas échéant, le ministre extraordinaire peut être amené à aller chercher le Saint Sacrement dans le tabernacle.
Il est bon de faire en sorte comme le rappelle le numéro 85 de la PGMR, que les fidèles communient avec les hosties consacrées durant la messe. La réserve eucharistique ne doit pas être trop importante puisqu’elle est là pour des cas particuliers.
La communion aux malades
Si quelqu’un porte la communion aux malades il veillera avant le début de la messe à déposer sa custode sur l’autel avec le nombre d’hosties dedans. Le saint Sacrement lui sera remis après la communion avec une bénédiction particulière de la part du prêtre.
La communion sous les deux espèces
Plusieurs paroissiens souhaitent recevoir la communion sous les deux espèces. Cette pratique est encouragée par la PGMR comme le stipule le numéro 88.
Puisque la célébration eucharistique est le banquet pascal, il convient que, selon l’ordre du Seigneur, son Corps et son Sang soient reçus par les fidèles bien préparés comme une nourriture spirituelle. C’est à cela que tendent la fraction et les autres rites préparatoires par lesquels les fidèles sont immédiatement amenés à la communion.
Cependant elle ne peut se faire que sous deux formes :
- Soit en communiant au Corps du Christ puis ensuite en buvant directement le Sang du Christ au calice (ce qui en période de pandémie et d’hiver est déconseillé).
- Soit en communiant par intinction. Le prêtre trempe l’hostie dans le sang du Christ et donne la communion directement dans la bouche.
La seconde solution est privilégiée et dans les pôles qui le souhaiteront, nous pourrons petit à petit mettre cela en place avec des ciboires particulièrement faits pour la communion sous les deux espèces.
Encore un grand merci à tous pour votre investissement important. N’hésitons pas à appeler d’autres personnes et à accueillir d’autre acteurs de la liturgie, et à s’entraider dans ce beau service auprès des paroissiens du doyenné.
Le Touvet le 12 novembre 2022
Père François-Marie Gay, curé-doyen