En guise d’édito, je vous partage ces paroles d’Edith Stein prononcées en janvier 1931, 11 ans avant sa mort dans le camp d’Auschwitz… Dans la fête de la Nativité de notre Seigneur se tient déjà présent le mystère de Pâques. La kénose* de notre Sauveur nous invite au même mouvement les uns avec les autres, descendre toujours plus profondément dans l’amour pour amener au Père le monde.
Joyeux et Saint Noël à tous, puissions-nous expérimenter la pureté de l’amour de Dieu pour nous et entre nous.
Père François-Marie
« Être un avec Dieu est premier. Mais une chose en découle immédiatement. Si le Christ est le Chef et si nous sommes les membres du Corps mystique, nous sommes l’un à l’autre ce qu’un membre est à un autre membre — nous sommes tous ensemble un en Dieu, dans une même vie divine. Et si Dieu est en nous et s’il est l’Amour, nous ne pouvons qu’aimer nos frères. En cela, notre amour des hommes est la mesure de notre amour de Dieu.
Pourtant cet amour est autre que l’amour naturel. Celui-ci ne s’adresse qu’à ceux qui nous sont proches par les liens du sang, par une affinité de caractère ou par des intérêts communs. Les autres nous sont étrangers, ne nous concernent pas, et leur manière d’être peut nous rebuter au point que nous les tenions à distance. Pour le chrétien, il n’y a pas d’étranger ; le prochain est toujours celui qui se trouve devant nous et qui a le plus besoin de nous — qu’il soit parent ou non, que nous le trouvions sympathique ou non, qu’il soit ou non moralement digne de notre aide. L’amour du Christ ne connait pas de limites, il n’a pas de cesse, il n’est rebuté ni par la laideur ni par la saleté. Le Christ est venu pour les pécheurs et non pour les justes. Et si son amour vit en nous, nous feront comme lui et nous irons à la recherche des brebis perdues.
L’amour naturel veut avoir l’être aimé pour soi, et autant que possible le posséder sans partage. Le Christ est venu ramener au Père l’humanité égarée ; or qui aime de son amour veut les hommes pour Dieu et non pour lui-même. Tel est d’ailleurs le plus sûr moyen de les posséder pour toujours car si nous avons confié un homme à la garde de Dieu, nous sommes avec lui un en Dieu ; alors que la soif de posséder conduit souvent — en fait tôt ou tard — à tout perdre. Ceci vaut pour l’âme d’autrui comme pour la nôtre, comme pour tout bien extérieur. Qui veut s‘enrichir et conserver dans le monde, perdra. Qui abandonne à Dieu, l’emportera »
Edith Stein, La Crèche et la Croix.