Juin 27, 2022 | Adoration, Enseignement

Enseignement sur l’Adoration

Écrit par le Père François-Marie

« Lorsque nous sommes devant le Saint-Sacrement, au lieu de regarder autour de nous, fermons nos
yeux et notre bouche, ouvrons notre cœur, le Bon Dieu ouvrira le sien ; nous irons à lui, il viendra à
nous, l’un pour demander et l’autre pour recevoir. Ce sera comme un souffle de l’un à l’autre ».

une heure d’adoration à l’école du Saint Curé d’Ars

Ces paroles du curé d’Ars au sujet de l’adoration Eucharistique nous montre bien ce que nous avons à vivre face à ce grand mystère que celui de la présence réelle de Jésus dans le Saint-Sacrement. Cette dévotion est née au fil des siècles en réponse aux premières remises en cause de la présence réelle du Christ dans l’hostie consacrée qui dataient du 11ème siècle. C’est aux alentours du 12ème siècle que les fidèles commençaient à demander aux prêtres de garder l’hostie élevée au moment de la consécration pour pouvoir adorer le Seigneur. A la suite de ce désir d’adoration exprimée par le peuple de Dieu, au 14ème l’ostensoir fait son apparition d’abord en Allemagne et rapidement en France. L’adoration Eucharistique est en réalité le prolongement du mystère de la foi que nous vivons à chaque messe. Elle nous met en présence de Jésus dans toute sa dimension. Lorsque nous sommes devant le Saint-Sacrement, nous sommes non seulement en présence de Jésus enfant, de ce mystère de l’Incarnation, mais nous sommes aussi en présence de Celui qui nous sauve par sa Passion et sa mort sur la croix, tout en contemplant la gloire du ressuscité. Oui chaque étape de la vie du Christ que nous vivons dans l’Eucharistie se retrouve dans l’adoration eucharistique, ainsi le Pape Benoît XVI aux JMJ de Cologne comparait l’adoration à « un pèlerinage de l’esprit » où le Christ est notre guide. Ce pèlerinage est un pèlerinage d’amour. L’Amour de Dieu pour moi qui me mène à la découverte de l’amour de moi pour Dieu. Le souverain pontife fera même une catéchèse à ce sujet le 10 Juin 2007 dans laquelle il dira :

« L’adoration en dehors de la messe prolonge et intensifie ce qui s’est produit lors de la célébration liturgique et permet un accueil véritable et profond du Christ….Je me réjouis par ailleurs de constater que de nombreux jeunes découvrent la beauté de l’adoration aussi bien personnelle que communautaire. J’invite les prêtres à encourager les groupes de jeunes dans ce sens, mais également à les suivre afin que les formes d’adoration communautaire soient toujours appropriées et dignes, avec des temps adaptés de silence et d’écoute de la Parole de Dieu. Dans la vie d’aujourd’hui, souvent bruyante et chaotique, il est plus important que jamais de retrouver la capacité de silence intérieur et de recueillement : l’adoration eucharistique permet de le faire non seulement autour du « moi », mais en compagnie de ce « Toi » plein d’amour qui est Jésus Christ, « le Dieu qui nous est proche ».

je ne Lui dis rien, je L’avise et Il m’avise. Je Le regarde et Il me regarde

Mgr Francis Trochu, le curé d’ars, Saint Jean-Marie-Baptiste Vianney, ed. Résiac

C’est cette proximité de Dieu que nous expérimentons dans l’adoration de l’Eucharistie. Un cœur à cœur avec Jésus. Souvent on se pose la question de savoir quoi dire à Dieu durant nos visites au Saint Sacrement. Nous n’avons pas grand-chose à dire, juste à être là. Le curé d’Ars avait un de ses paroissiens qui chaque jour en passant devant l’église déposait ses outils à la porte, entrait et adorait le Seigneur que le curé avait exposé. Voyant ces visites fréquentes Saint Jean-Marie Vianney lui demanda ce qu’il disait au Bon Dieu, la réponse fut à la fois simple et sainte : « Monsieur le Curé, je ne Lui dis rien, je L’avise et Il m’avise. Je Le regarde et Il me regarde ».
Voilà il regardait Dieu et Dieu le regardait, tout simplement.

Oui c’est une vraie histoire d’amour, comme entre deux amoureux, un simple regard suffit pour qu’ils se comprennent, ainsi nous dans l’adoration eucharistique, un simple regard nous permet de prendre peu à peu conscience de l’Amour infini de Dieu pour nous. Il se fait petit, vulnérable, fragile, proche de nous parce qu’il nous aime, nous sauve et veut nous aider dans notre pèlerinage terrestre. Saint Jean-Paul II exprimait la nécessité de ce soutien dans son encyclique Ecclesia de Eucharistia :

« Il est bon de s’entretenir avec Lui et, penchés sur sa poitrine comme le disciple bien-aimé (cf.Jn 13, 25), d’être touchés par l’amour infini de son cœur. Si, à notre époque, le christianisme doit se distinguer surtout par « l’art de la prière », comment ne pas ressentir le besoin renouvelé de demeurer longuement, en conversation spirituelle, en adoration silencieuse, en attitude d’amour, devant le Christ présent dans le Saint- Sacrement ? Bien des fois, chers Frères et Sœurs, j’ai fait cette expérience et j’en ai reçu force, consolation et soutien ! »…« De nombreux saints nous ont donné l’exemple de cette pratique maintes fois louée et recommandée par le Magistère. (…)
L’Eucharistie est un trésor inestimable: la célébrer, mais aussi rester en adoration devant elle en dehors de la Messe permet de puiser à la source même de la grâce ».

Loin d’être une prière centrée sur moi-même et mes petits tracas, l’adoration Eucharistique « élargit mon cœur au dimension du monde » parce que l’immense amour de Dieu devient ma référence. Ainsi Mère Térésa dira :

« Le temps que vous passez avec Jésus au Saint-Sacrement est le meilleur temps que vous puissiez passer sur terre. Chaque instant passé avec Jésus approfondira votre union avec lui, rendra votre âme immortelle plus glorieuse et plus belle au ciel et contribuera à apporter une paix éternelle sur terre ».

L’adoration eucharistique permet tout cela car elle est en réalité une rencontre entre deux amoureux. L’Homme amoureux de Dieu et Dieu amoureux de l’Homme. Cet amour Dieu nous l’a exprimé dès les commencements du monde et tout au long de l’histoire sainte. Cet amour Dieu l’a exprimé sur le bois de la croix. Mais cet amour Dieu nous l’exprime dans chacune de nos Eucharisties et dans toutes nos adorations du Saint-Sacrement. Mère Térésa a mis une heure d’adoration quotidienne pour toutes les sœurs de sa congrégation pour qu’elles puissent prendre toujours plus conscience de l’actualité de cet amour de Dieu pour nous, car comme elle le disait :

« Lorsque vous contemplez le crucifix, vous comprenez combien Jésus vous a aimés. Lorsque vous contemplez la Sainte Hostie, vous comprenez combien Jésus vous aime en ce moment »

Oui, la contemplation de Jésus dans l’adoration Eucharistique est vraiment une histoire d’amour
et il ne faut pas avoir peur d’y perdre du temps car c’est en réalité en gagner. N’ayons pas peur de ce cœur à cœur auquel Jésus nous invite. N’ayons pas peur de devenir des apôtres experts en contemplation de l’Eucharistie selon l’expression de Saint Jean-Paul II. N’ayons pas peur d’aimer Jésus dans nos frères et sœurs, n’ayons pas peur de nourrir cet amour à la source de l’Eucharistie, n’ayons pas peur d’aimer Jésus dans le très Saint Sacrement de l’autel, n’ayons pas peur d’aimer et souvenons des mots de Saint Pierre Julien Eymard né à La Mure en 1811 et décédé dans cette ville le 1 août 1868 :

« L’Eucharistie est la plus noble aspiration de notre cœur : aimons-la donc avec passion ! On dit : Mais c’est de l’exagération, tout cela. Mais l’amour n’est que de l’exagération ! Exagérer, c’est dépasser la loi ; eh bien ! l’amour doit exagérer ! »

Pour aller plus loin et aider dans la prière eucharistique :